La guerre des mots

Publié le par nono

~~Islamiste, communautariste, réactionnaire, complotiste, négationniste…..

Le discours politico-médiatique est truffé de ces termes répétés à l’unisson dont la définition est maintenue volontairement floue. On ne retient d’ailleurs de ces mots que leur connotation, souvent négatif.

Ce lexique forme la base canonique de la campagne de manipulation entreprise par les adeptes de la pensée unique.

Pour comprendre comment ces derniers les utilisent pour asseoir leur domination sur le domaine de la dialectique éristique, commençons par rappeler quelques règles essentielles à la construction d’un raisonnement logique.

Il y a trois étapes majeures pour appréhender l’étude d’un objet ou d’une assertion:

- Quels sont nos connaissances sur et autour de l’objet étudié ? (Les hypothèses)

- Que cherche-t-on à savoir sur celui-ci ? (La conclusion)

- Comment, à partir de ce que l’on sait, parvenir à ce que l’on veut savoir ? (L’argumentation)

La première étape est celle pour laquelle une attention particulière doit être portée. En effet, elle est souvent la source de la part subjective d’une réflexion. Elle découle de l’héritage culturel et/ou idéologique et regorge de certitudes non éprouvés.

Les personnes issues du même milieu culturel, social et idéologique ont souvent le même point de départ dans leur quête de la vérité.

En débattant avec une personne issue d’un milieu différent, il est donc primordial de s’accorder sur l’ensemble des vérités que l’on suppose. Car, en logique, si l’on ne part pas du même point, la raison ne peut vous mener au même endroit. Et le vainqueur d’une bataille de dialectique éristique est souvent celui qui a su, de manière sournoise, imposer ses hypothèses et donc prendre un avantage conséquent.

C’est sur ce principe que la guerre des mots se base.

En effet, le jargon médiatico-politique encapsule dans ses mots des certitudes qui sont souvent très proche des conclusions qu’elle veut tirer. En ignorant cela, le dialecticien non initié s’engage dans un débat perdu d’avance.

Prenons par exemple les mots «extrémiste» et «modéré». Le premier, lorsqu’il qualifie un religieux, suppose que la pratique est borné et que plus on se rapproche de la borne supérieur, plus on est coupable de vices (intolérance, violence…). Le deuxième, connoté positivement, définit la borne inverse comme celle de la vertu. En effet, si la religion doit être consommée modérément, ne pas la consommer du tout évite indubitablement les risques qui lui sont liés.

On devine alors aisément de quel corpus idéologique sont issu ces hypothèses : l’anticléricalisme.

Un musulman qui débat avec un non religieux faisant usage de ces termes doit alors lui demander de préciser sa pensée et de définir, par exemple, ce qu’il entend par extrémiste.

En supposant que ce dernier, déboussolée par cette question inattendue, réponde « ceux qui vont trop loin dans la religion » ou « ceux qui appliquent la religion à la lettre », le musulman choisira alors de débattre sur la question « Y a-t-il une limite à ne pas franchir en religion et quel est-elle ? » ou sur la question « En quoi est ce que l’application de la religion à la lettre est néfaste ? ».

En agissant ainsi, il prend le contrôle du débat et remet en cause les vérités que tentent d’imposer l’interlocuteur pour orienter le débat à son avantage.

En conclusion, il faut rester attentif à ces termes dans l’air du temps, qui ne renvoient rien de concret et sont utilisés tels des slogans. Les remettre en cause systématiquement en réclamant une définition précise à son utilisateur est un moyen sûr de ne pas se laisser coloniser l’esprit par des idées nuisibles issues du système.

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